Redynamiser les centres-villes, un défi pour le Grand Paris

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Partout sur le territoire métropolitain, on constate une baisse des commerces de proximité et de l’attractivité des centres-villes. Un phénomène préoccupant dont s’est saisie la Métropole du Grand Paris avec un nouveau plan d’action.

Magali Sennane

 

C’est un mal qui frappe bon nombre de villes en France. Et les communes de la Métropole n’y échappent pas. Un peu partout sur le territoire, les rues autrefois animées des centres-villes se dévitalisent et voient les rideaux de fer des commerces de proximité se fermer. Les causes du phénomène sont nombreuses : concurrence des grandes surfaces et d’internet, manque de diversification des commerces, problèmes d’accessibilité et de stationnement, prix des loyers des baux commerciaux… Doucement, les centres-villes se meurent. Or si les commerces de proximité dans les centres-villes sont incontestablement des moteurs de développement économique, ils sont aussi une source de vitalité pour les habitants et améliorent le vivre-ensemble.

Une boite à outils sur mesure

En décembre dernier, lors de la Conférence nationale des territoires, le gouvernement annonçait le lancement d’un plan d’action baptisé « Action au cœur de ville », mobilisant plus de cinq milliards d’euros sur cinq ans. Un vaste programme destiné à agir sur différents leviers : l’habitat, le commerce, la création d’emplois, mais aussi le transport et la mobilité, l’offre éducative, culturelle et sportive, la qualité des sites d’enseignement, l’usage des outils numériques… Bien qu’ambitieux, ce plan ne concerne que les villes de rayonnement régional reconnues comme ayant un rôle de centralité pour leur bassin de vie et, surtout, situées hors d’une métropole.

De son côté, la Métropole du Grand Paris (MGP) s’est saisie de cette question en mai 2017. En août dernier, elle créait un groupe de travail dédié, animé par Jean-Marc Nicolle, maire du Kremlin-Bicêtre, et rassemblant différents acteurs : maires, agences d’urbanisme, représentants de chambres consulaires, établissements ou opérateurs de l’État et acteurs des centres-villes. Le 13 janvier, Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris et maire de Rueil-Malmaison, annonçait les résultats de ces concertations en proposant aux maires qui le souhaitent « une boite à outils qui leur permettra, selon la nature de leur centre-ville, d’apporter une réponse adaptée » et de lutter contre « un processus infernal » de dévitalisation. « Aujourd’hui, dans le domaine du commerce, les maires sont très seuls, a renchéri Jean-Marc Nicolle. La Métropole entend jouer un rôle pour les aider dans la construction d’une stratégie. Il n’y a pas un seul modèle, mais un dispositif souple. »

Éviter l’uniformisation des vitrines

Concrètement, la MGP compte s’attaquer à trois problèmes majeurs. D’abord, préserver les commerces de proximité et l’artisanat. Sur ce volet, elle pourra notamment aider financièrement les communes pour la préemption des baux commerciaux. Un mécanisme, issu de la loi dite « Ollier », qui permet aux communes d’acheter en priorité, lors de leur cession, les baux commerciaux, les fonds artisanaux ou de commerce, pour les rétrocéder ensuite à des commerçants exerçant une activité qui préserve la diversité. Objectif : éviter l’uniformisation des vitrines en favorisant, par exemple, l’installation d’une boucherie ou d’une librairie plutôt qu’une banque ou une agence immobilière. La question des murs a quant à elle était rapidement abordée, et la possibilité, avec cette boite à outils, de mener une politique des loyers a été évoquée.

L’attractivité compte tout autant et la Métropole entend bien rendre les centres-villes plus agréables à vivre, c’est-à-dire esthétiquement plus beaux et plus accessibles. Pour cela, plusieurs solutions sont d’ores et déjà envisagées, telles que le réaménagement des trottoirs, la réintégration de la nature en ville, ou, tout simplement, la création de places de parking. « Pour ceux qui doutent, nous avons sauvé près de 80 commerces en cinq ans à Rueil-Malmaison », a conclu Patrick Ollier, érigeant sa ville en exemple.

Cinq millions d’euros sur deux ans

Les communes, mais aussi les Établissements publics territoriaux intéressés pourront présenter leur pré projet et prendre part à l’appel à manifestation d’intérêt « centres-villes vivants ». Toutefois, seule une dizaine d’entre eux pourront bénéficier du plan.

« Les communes qui en ont le plus besoin seront les plus aidées », a précisé Patrick Ollier. En effet, les moyens financiers de la Métropole étant limités, l’enveloppe destinée au projet n’est pas bien épaisse avec 5 millions d’euros jusqu’en 2020.

Les communes participantes prendront alors part, en mai et juin, à un « pacte métropolitain centres-villes vivants », destiné à contractualiser les engagements entre les communes et les différents acteurs signataires. En parallèle, la Métropole a annoncé le lancement d’un observatoire, centre de recherches et de ressources pour approfondir les connaissances sur les centres-villes.

Crédit photo : © Yann Rossignol

[divider]Pour un moratoire sur les grandes surfaces[/divider]

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Un moratoire national sur les grandes surfaces pourrait-il sauver les centres-villes ? L’idée est défendue par certains élus et associations de commerçants partout en France, qui demandent au gouvernement d’octroyer les moyens nécessaires pour limiter la construction des grandes surfaces aux abords des villes. Alors que cette solution était initialement présentée comme envisageable, le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard s’est finalement prononcé défavorablement. « Je ne pense pas qu’un moratoire général soit la solution. Il faut faire confiance aux collectivités, leur donner plus de moyens qu’elles n’en ont actuellement pour autoriser les installations commerciales, et plus de possibilités de bloquer un dossier quand elles considèrent qu’il menace les équilibres sur leur territoire. C’est dans ce sens que nous allons travailler », a-t-il déclaré le 16 janvier à l’Assemblée nationale.

Crédit photo : © istockphoto – paulprescott72

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