Sou Fujimoto, fusion de la nature et de l’architecture

Sou-Fujimoto

Sou Fujimoto est né à Hokkaido en 1971. Diplômé de l’Université de Tokyo, il crée Sou Fujimoto Architects en 2000. En 2012, il participe à l’exposition « Japan Pavilion.» pour la Biennale de Venise , récompensé par le Lion d’Or de la meilleure participation. En 2013, il devient le plus jeune architecte à concevoir la Galerie Serpentine à Londres.

À la suite du succès au concours international pour le BEM de l’Ecole polytechnique de Paris-Saclay en 2015 et au concours international ouvert pour le Musée de la musique hongroise de Budapest en 2014, il a été récompensé par le The Wall Street Journal Architecture Innovator Award. « Mille Arbres » gagne le 1er prix d’un des sites du concours Réinventer Paris en 2016. Pour accompagner le développement de ces projets en Europe, il créé sa première antenne internationale à Paris dès l’automne 2016.

Le Grand Paris est un projet sans précédent destiné à mettre en place un schéma métropolitain de classement international reliant certains pôles d’excellence de la région parisienne. Par rapport à d’autres villes internationales, en quoi la participation au design de la métropole parisienne est-elle unique?
Les deux concours internationaux “Réinventer Paris” et “Inventons la métropole du grand Paris” apportent des innovations en matière de loge-ment et relèvent les défis posés par la densité, la diversité mais aussi la transition énergétique. Les architectes, les promoteurs immobiliers et les investisseurs disposent de possibilités tout à fait uniques pour collaborer afin de créer une vision unique pour qu’une ville mondiale telle que Paris se créée. Gagner deux projets lors de la première édition de ces compétitions représente une opportunité extraordinaire de travailler sur un programme complexe et poly-valent comme «Mille Arbres», porte Maillot et «Le village vertical» à Rosny-Sous-Bois. Ces différents sites d’importance métropolitaine offrent des opportunités uniques de poursuivre la transformation de la ville et de repenser une vie urbaine en relation avec la nature.

Il y a 2 ans, vous avez créé un atelier dans la région de la capitale française. Quelles sont les raisons d’un architecte de renommée mondiale comme vous pour choisir le Grand Paris pour vos créations?
Après avoir remporté plusieurs concours dans le Grand Paris et le projet L’arbre blanc à Montpellier, nous avons ouvert un bureau à Paris afin de contrôler entièrement les projets, tant lors de la phase de conception que lors de la construction. Avoir un bureau ici est aussi l’occasion de nous immerger dans le contexte français et plus largement européen, un moyen de mieux connaître le contexte, les challenges et les problématiques actuelles. Rencontrer de jeunes architectes parisiens tels que Manal Rachdi, Nicolas Laisné ou Dimitri Roussel, a également été une occasion extraordinaire de créer des échanges fructueux. Paris est égale-ment une plaque tournante pour le
développement de nos bureaux en Europe. Depuis, nous travaillons sur des projets en Suisse, aux Pays-Bas et en Belgique.

Comment appréhendez vous, dans le cadre de vos projets, les différents con-textes historiques au sein de métropoles? À cet égard, quelle est votre approche spécifique du paysage culturel et du patrimoine de la région parisienne? Comment construisez-vous les formes du passé pour façonner l’avenir du Grand Paris?
Nous pensons que le grand patrimoine parisien est une occasion de regarder différemment le développement des villes au 21e siècle. Le défi consiste à être respectueux et compréhensif tout en se tournant vers l’avenir. C’est aussi construire en harmonie et dans la continuité de l’existant en intégrant et en anticipant les changements de comportements en fonction des nouvelles technologies. Par exemple, les projets «Mille Arbres» donnent une nouvelle lecture du modèle haussmannien. «Mille Arbres» est pour moi un rêve, un village flottant au milieu d’une forêt à Paris. C’est une nouvelle façon de découvrir la ville. Au niveau de la rue, nous avons égale-ment une forêt dans un parc public où l’on peut se sentir au calme et dans une atmosphère fraîche. De plus, Mille Arbres, avec son village et sa forêt habitée, propose un nouvel horizon vert pour Paris.

Concrètement, quel est le principe directeur de votre travail pour servir les habitants et améliorer leur quotidien urbain? Comment abordez-vous les fonctions de base telles que se nourrir, se déplacer, travailler et vivre dans une ville mondiale?
Chaque projet est l’occasion d’évoquer la question à laquelle la réponse du projet sera chaque fois très spécifique en fonction du programme, du con-texte urbain, du climat et bien sûr des souhaits des utilisateurs. L’idée est d’aller au-delà de l’utilisation principale et de remettre en question le lien entre le projet et son environnement. Cela nous amène à nous interroger fréquemment sur la notion de limite et sur la relation entre nature et architecture.

Par exemple, le nouveau centre de formation de l’École polytechnique, qui s’ouvre sur le parc linéaire en face, est envahi par la nature, comme si le parc en-trait dans le centre de formation ou inversement. A l’intérieur, pas de couloir, les salles de classe sont bordées de mezzanines donnant sur un vaste atrium. Habité par la végétation claire et une série de passerelles et d’escaliers créant de nombreux espaces in-formels pour les enseignants, les étudiants et les visiteurs permettant de nouveaux lieux de réunion ou de travail.

En mélangeant nature et architecture, vous avez développé votre propre modèle. Comment intégrez-vous l’environnement local dans vos créations? Comment vos projets préparent-ils et poussent-ils le Grand Paris à faire face aux problèmes du 21e siècle, à adopter le développement durable et la ville de demain?
Comme point de départ, nous suivons trois lignes directrices: poser des questions, être honnête et optimiste. Le rôle de l’architecte est avant tout d’être un observateur et un auditeur capable de s’adapter à la situation afin de répondre aux problématiques actuelles tout en gardant une flexibilité suffisante pour faire face aux futurs besoins et évolutions. La morphologie des bâtiments permet d’offrir des conditions climatiques optimales pour chaque utilisation. Ils font l’objet de simulations et d’un examen très détaillé des éléments du contexte. De plus, grâce à sa possible mutabilité, le projet pourra s’adapter aux évolutions programmatiques et à l’évolution des usages et des besoins dans le temps. Nous pensons toujours à la façon dont le bâtiment peut évoluer et s’adapter à de nouveaux usages.

Droits illustration : © Sou Fujimoto – Nicolas Laisne – Dimitri Roussel
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