Thaddaeus Ropac “certains collectionneurs voient la banlieue comme une zone de guerre”

Thaddaeus Ropac - granparisdeveloppement

Il y a huit ans, l’Autrichien Thaddaeus Ropac, propriétaire d’une des plus prestigieuses galeries d’art contemporain parisiennes, installait à la surprise générale un monumental espace d’exposition de l’autre côté du périphérique, à Pantin (93). Le marchand d’art de 58 ans nous raconte le succès de son entreprise et nous livre sa vision du Grand Paris de la culture.

Propos recueillis par Sonia Desprez

Quel bilan faites-vous de votre expérience pantinoise ?
THADDAEUS ROPAC : D’abord, je dirais que les résultats dépassent d’au moins dix fois nos attentes. En 2010, Pantin était vraiment considéré comme loin de Paris. On me disait que c’était risqué d’y aller. Mais je sentais que nous avions atteint nos limites dans Paris : nous avions les 1 000 m2 de la galerie du Marais, plus des espaces en face et à côté.Cet espace restreint limitait notre vision de l’art, car certaines pièces étaient trop grandes et trop lourdes pour être montrées. Problème : 5 000 m2, c’était presque impossible à trouver dans Paris, sauf à acheter plusieurs étages, où les plafonds auraient été trop bas. Un bâtiment industriel était la seule solution. Nous avons donc cherché à Ivry, à Aubervilliers… Je dois l’avouer : je n’avais jamais entendu parler de Pantin.

Comment êtes-vous arrivé à Pantin ?
T.R. : Le maire de la ville a été très accueillant, il nous a fait visiter des lieux. Par un jour pluvieux, nous sommes arrivés dans un immense hangar. La pluie tombait par des trous dans le toit, mais j’ai été saisi par le cachet de ce bâtiment du début du XXe siècle, l’immensité de l’espace et des accès. J’ai appelé Anselm Kiefer [l’un des plus importants artistes contemporains allemand, représenté notamment par Thaddaeus Ropac, qui vit et travaille en région parisienne, NDLR], et je lui ai dit : « Je peux t’envoyer une voiture ? Il faut que tu viennes voir quelque chose..» Quand il est arrivé, il m’a rétorqué : « Tu es fou, mais c’est fantastique ! » J’ai aussi consulté d’autres artistes, comme Anthony Gormley [sculpteur britannique renommé, NDLR]. Aucun artiste n’avait vu de galerie aussi grande. Ils pensaient tous que c’était risqué de s’installer si loin du circuit habituel. Nous avons donc fait des projections de résultats assez modestes. Et finalement, les visiteurs sont très nombreux, 5 000 rien que pour l’exposition d’Anselm Kiefer cette année !

Droits photo : © Peter Rigaud co Shotview Photographer’s Management Berlin
Retrouvez la suite de l’article dans le dernier numéro du Magazine Grand Paris, disponible en kiosque ou par abonnement

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