Une métropole-village en crise de croissance
Située au coeur de l’Europe, réputée pour sa qualité de vie, la métropole de Munich attire toujours plus
d’habitants et d’entreprises. Face à ce succès, les politiques métropolitaines sont parfois à la traîne.
Principaux points noirs : le manque de logements et l’insuffisance des transports en commun.
Pauline Curtet
C’est un adage que les Munichois aiment répéter : « Munich est un village. » Derrière cette maxime se cache l’idée que Munich, avec ses brasseries aux clients joviaux, son centreville aux bâtisses médiévales reconstruites à l’identique après la Seconde Guerre mondiale et son ambiance de petit bourg, occuperait une place à part en Allemagne. Une ville avec une forte culture locale, à l’abri des troubles du reste du monde.
Mais depuis quelques années, l’adage est malmené par la réalité. Car Munich est aussi l’une des métropoles les plus attirantes d’Europe. D’après les projections, la ville, qui compte actuellement 1,5 million d’habitants, en accueillera près de 2 millions en 2035, soit une augmentation de plus de 20 %. En cause.: le succès de la capitale bavaroise auprès des entreprises. Elle abrite le siège de grands groupes, comme BMW, Siemens ou Allianz, et compte un tissu très dense de PME. Résultat.: la métropole affiche depuis de nombreuses années un taux de chômage quasi nul. Ce succès fait régulièrement les gros titres de la presse locale, qui se demande comment « un village de deux millions d’habitants » pourra se développer sans difficultés. D’autant que « les frontières de Munich sont très étroites et qu’il y a très peu de place disponible pour de nouveaux projets intra-muros », abonde Sophie Wolfrum, professeur en urbanisme à l’université technique de Munich. Pour la capitale de la Bavière, une coopération avec les villes alentour devient essentielle. « Ce travail a longtemps été difficile pour des raisons politiques, raconte Sophie Wolfrum. Munich est une ville historiquement sociale-démocrate, alors que les communes de sa banlieue sont chrétiennes-démocrates et conservatrices. Les responsables politiques ne voulaient simplement pas discuter les uns avec les autres. » Mais depuis le début des années1990, l’urgence a été telle que les différences politiques ont dû être mises de côté. En 1995 est née la Région métropolitaine de Munich, un regroupement d’une trentaine de villes et de communes de tailles plus ou moins importantes, dont Nuremberg ou Augsbourg. La mission de cette organisation qui rassemble près de six millions d’habitants, soit près de la moitié de la population bavaroise est d’accélérer le développement économique, culturel et social de la région.Mais la métropole ne possède pas de compétences sur un sujet crucial : les transports en commun. Ces derniers sont financés et gérés par la ville de Munich, l’État de Bavière et le
gouvernement fédéral…
Droit photo: Eugène Hénard (1849-1923) © wikipediacommons
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