« FAIRE DU GRAND PARIS LA PREMIÈRE VILLE INTELLIGENTE DU MONDE »
Comment transformer Paris et la métropole en smart city au service de la transition énergétique et de la révolution digitale ? Mounir Mahjoubi, le « Monsieur numérique » du gouvernement d’Édouard Philippe, nous a reçu dans son nouveau bureau à Bercy – celui d’Emmanuel Macron quand il était ministre, précise-t-il. Transport, alimentation, logement, sécurité, propreté, transmission des savoirs… L’ancien président du Conseil national du numérique décline ses propositions. Élu du 19e arrondissement, il ne cache pas ses ambitions pour la mairie de Paris et critique le bilan de la maire sortante, Anne Hidalgo, qu’il juge « décevant ». Il plaide pour qu’En Marche présente aux municipales un candidat à la tête d’une « liste ouverte, engagée sur l’environnement, pour une ville intelligente, qui permet l’égalité des chances ». Son portrait-robot.
Propos recueillis par Bertrand Gréco et Gaspard Dhellemmes
Comment le spécialiste du numérique que vous êtes aborde-t-il la question du Grand Paris ?
MOUNIR MAHJOUBI : Le Grand Paris à l’heure du numérique, c’est une ville intelligente, mais avec du sens. C’est donc une smart city au service des humains et de la planète. Il faut partir de cette prémisse : le Grand Paris doit être au service des habitants, et pas le contraire. Il doit permettre à chacun de choisir sa vie. Cette idée est au cœur de la politique du gouvernement : créer les conditions d’une égalité des chances. Nous avons, avec le Grand Paris, le territoire le plus divers de France, doté du plus grand potentiel de développement. Je suis convaincu depuis près de quinze ans que le numérique va permettre d’accélérer l’égalité des chances, dès lors qu’on n’en fait pas une technologie froide. Les capteurs qui ne savent pas pourquoi ils sont là ne servent à rien. Une ville intelligente qui ne permet pas de mieux se déplacer, de mieux manger, de mieux se loger… ne sert à rien. Il faut que le Grand Paris soit la première ville intelligente du monde. Et c’est possible !
Comment le numérique peut-il bouleverser la façon dont on se déplace dans le Grand Paris ?
M.M.: Nous sommes aujourd’hui confrontés à un double sujet : la mobilité des personnes et son impact sur l’environnement. Le numérique peut permettre à chaque fois d’optimiser ce qui existe et de créer du nouveau. Il y a à la fois optimisation et innovation. Re-gardez les voies de circulations les plus denses : elles sont toutes sous-effectives parce qu’elles ne sont pas connectées. En rendant les routes intelligentes, nous pouvons améliorer de 20 à 40 % leur performance, sans construire de nouvelles infrastructures, sans créer des règles contraignantes ou des péages urbains. Un exemple ? Tous les matins, un flot de voitures arrive dans la ville. Et tous les soirs, elles en repartent. Le matin, les voies sont sursaturées dans un sens et sous-utilisées dans l’autre sens. Le soir, c’est l’inverse. Avec la ville intelligente, des axes de deux voies pourront être transformés en quatre voies en changeant le sens de circulation. Ce qui permet d’éviter les embouteillages, qui créent de la pollution. Sur une ville aussi enchevêtrée que Paris, ce sera plus complexe, mais on peut espérer des gains de 5 ou 10% ; il faudrait le tester. Les parcours doivent être adaptés de façon dynamique : les signalisations au sol et les panneaux doivent pouvoir changer au cours de la journée. Quand on ne le fait pas, les gens utilisent des applications type Waze, qui redessinent la ville et que nous subissons. Des expérimentations dans ce sens sont déjà menées à Pittsburgh, aux États-Unis.
Droits photo : © BERNARD BISSON
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