Interview – Laurence Devilliers

Laurence-Devillers

« IL Y A URGENCE À ANTICIPER LES BOULEVERSEMENTS À VENIR »
Auteure du livre Des Robots et des hommes, mythes, fantasmes et réalité (Plon), Laurence Devillers appelle à ouvrir plusieurs grands chantiers face à l’arrivée imminente des robots dans nos villes. Professeure en intelligence artificielle (IA) à l’université Paris-Sorbonne et chercheuse au Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur (Limsi) du CNRS, elle rappelle que « l’important n’est pas la machine, mais l’usage que l’on en fait ».

Propos recueillis par Julien Descalles

D’ici à dix ans, dans quels secteurs les robots et l’IA auront-ils envahi le quotidien des villes ?
LAURENCE DEVILLIERS : Le Japon, société la plus avancée en la matière, nous en donne une idée. Le secteur de la santé sera sans doute le principal concerné, que ce soit pour les diagnostics, la thérapie ou le suivi. Dans les blocs chirurgicaux, des robots seront capables d’opérer. Dans les EHPAD, des « agents conversationnels », à l’instar des assistants personnels type Siri d’Apple ou Alexa d’Amazon, ou des « robots sociaux » accompagneront les pensionnaires. À l’hôpital Broca (Paris 13e) est actuellement expérimentée la présence de Paro [un robot en forme de bébé phoque, ndlr] auprès de personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ces machines, qui réagissent au toucher et à la voix, parviennent à réactiver les émotions et les liens sociaux, stimuler la mémoire et, in fine, diminuent le besoin en anxiolytiques.

Et dans d’autres domaines ?
L. D. : La robotique aura sans doute investi les gares et les grands centres commerciaux pour accueillir le public, à l’instar des cinq modèles attendus pour les Jeux de Tokyo. Une manière de nous habituer à leur présence dans l’espace public et à collecter des données à des fins commerciales… Enfin, les premiers véhicules autonomes devraient faire leur apparition, de la généralisation des rames automatiques dans le métro parisien aux robots-taxis et aux bus sans chauffeur. À condition de leur dédier des trajets ou des voies de circulation fermées, totalement déconnectés des autres modes de circulation. Les navettes autonomes se déploieront donc bien davantage sur le plateau de Saclay, quartier-laboratoire dévolu aux nouveaux usages, que sur les boulevards haussmanniens ou dans les rues du Marais.

Droits photo : © Wikimedia Olivier Ezratty
Retrouvez la suite de l’article dans le dernier numéro du Magazine Grand Paris, disponible en kiosque ou par abonnement

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