Nous l’avons découvert enthousiaste, passionné par le verbe et la joute oratoire, dans le formidable documentaire À voix haute en 2017. Il y préparait des étudiants de Seine-Saint-Denis à devenir « meilleur orateur du 93 » grâce au concours Eloquentia dont il est un des formateurs. Il y enseigne toujours, comme à Science-Po, l’art de la rhétorique. Car pour Bertrand Périer, avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, « La parole est un sport de combat », comme le titrait son premier livre (1). Alors qu’il vient d’en sortir un second, Sur le bout de la langue, cet ambassadeur de la bonne parole et du juste mot s’est prêté au jeu de notre questionnaire.
Valérie Beck
Le Grand Paris, ça vous dit quelque chose ?
BERTRAND PÉRIER : La transformation
de la gare de Clamart [92] où j’ai longtemps habité représente bien pour moi le Grand Paris. Ce projet a transfiguré ma ville : une toute petite gare de banlieue sur la ligne de Montparnasse devenait une interconnexion majeure. Le Grand Paris a remodelé de fond en comble cette cité où j’ai passé toute ma jeunesse. Il m’évoque aussi évidemment le rapport de la ville et la banlieue et me renvoie à mes problématiques de Seine-Saint-Denis où j’enseigne.
Il faut aller vers une unification non seulement territoriale, mais aussi culturelle, un accès plus facile de la banlieue vers Paris, une plus grande porosité entre les territoires.
Une chose à éviter ?
B.P. : Il y a un enjeu financier assez considérable qui est d’éviter les coûts non maîtrisés. Mais surtout, l’écueil serait d’en avoir une vision limitée aux seuls transports, comme c’est souvent le cas je trouve. Il faut envisager le Grand Paris comme un projet urbanistique de réconciliation de territoires qui ne se réduit pas à une diminution de temps de transport. Le Grand Paris, c’est d’abord une opportunité culturelle avant d’être un minutage de tramway.
Droits photo : © Samuel Boivin
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