Mohamed Mechmache, le Sisyphe des banlieues populaires

Le fondateur d’AC Le Feu, co-président de « Pas sans nous », se bat inlassablement pour faire entendre la parole des habitants des quartiers les plus déshérités. Éternel indigné, l’activiste de Clichy-Montfermeil a organisé des distributions alimentaires pendant le confinement et défend ses solutions pour sortir les quartiers de la misère. Son mantra : « Faire pour nous sans nous, c’est faire contre nous. »

Sur la colline boisée de Clichy-Montfermeil, belvédère à la vue imprenable sur la Seine-Saint-Denis, il est depuis plus de trois décennies un Sisyphe poussant inlassablement son rocher. S’attaquant aux racines de la colère durant les émeutes de 2005, chaque nuit aux côtés des jeunes révoltés pour les encourager à troquer le cocktail Molotov contre la carte d’électeur et l’engagement associatif. Fondant le collectif AC Le Feu, puis co-présidant la coordination nationale « Pas sans nous », pour donner de la voix aux habitants des quartiers populaires. Multipliant les distributions alimentaires dans la cité séquano-dionysienne afin de pallier la fermeture des marchés, des centres sociaux et des cantines scolaires durant le confinement.

De quoi donner à Mohamed Mechmache des faux-airs d’urgentiste, la blouse en moins : infatigable dans son militantisme, constant dans sa défense des quartiers populaires, omniprésent quand éclate la crise. Qu’elle soit sociale, économique ou sanitaire. Car la pandémie actuelle l’a encore cruellement rappelé, les quartiers les plus pauvres sont aussi les plus durement touchés. « Il n’y a hélas pas de surprise, la crise sanitaire ne fait que mettre en exergue des décennies de difficultés non réglées : la suroccupation et l’insalubrité des logements ; les pathologies, facteurs de comorbidité, liées à la pauvreté, à la précarité et au manque d’accès aux soins ; les emplois aussi essentiels qu’exposés à l’épidémie, puis sacrifiés quand la crise économique survient… », énumère le président d’AC Le Feu.