Sa trajectoire personnelle se confond avec celle du Parti communiste français, auquel il a adhéré adolescent. Conseiller municipal de la ville populaire de Saint-Denis (93) depuis plus de vingt ans, celui qui dit toujours croire à la lutte des classes a fait son entrée en 2017 à l’Assemblée nationale. Élu député grâce à une alliance entre le PCF et la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, il milite aujourd’hui pour un rassemblement des gauches.
L’idée communiste au sens du commun, du partage, d’une certaine collectivisation, je pense que c’est une idée d’avenir.
Rencontrer Stéphane Peu, c’est se plonger dans un morceau d’histoire du Parti communiste français. Le parcours du député de Seine-Saint Denis nous amène à Moscou, au Nicaragua, et évidemment à Saint-Denis. Toutes les anciennes places fortes d’un parti qui peine aujourd’hui à contenir sa perte d’influence. « L’idée communiste au sens du commun, du partage, d’une certaine collectivisation, je pense que c’est une idée d’avenir », avance d’emblée Stéphane Peu, qui termine à 59 ans son premier mandat de député.
Il n’était pas encore sorti de l’adolescence quand il a adhéré aux Jeunesses communistes. Vaguement inspiré par un oncle salarié de l’imprimerie de Ouest France, davantage par la lecture préalable du manifeste de Karl Marx. La politique le captive et l’engagement militant l’exalte bien plus que les études. S’il valide son CAP de tourneur, c’est vers la place du colonel Fabien qu’il se tourne. Comme il est alors d’usage dans les partis politiques, qui plus est au PCF, la camaraderie se mêle à une solide formation interne. « C’était un creuset de progression sociale et de formation », se souvient Stéphane Peu, qui se présente aujourd’hui comme « un des rares députés qui n’ont pas le bac ».
Qu’importe. Dès ses débuts il est propulsé à la direction des Jeunes communistes, chargé des relations internationales. À Managua, capitale du Nicaragua où le sandinisme fait florès, il part construire des écoles avec 120 camarades qu’il encadre. Le petit breton de Saint-Brieuc y rencontre le prêtre Ernesto Cardenal, devenu ministre et fervent soutien de la théologie de la libération. « Ça m’a donné des ailes. » À des milliers de kilomètres de l’Amérique latine, cette figure captive ses parents. Des catholiques de gauche qui n’ont pas adhéré au Parti même si le père, maçon, est tout de même encarté à la CGT. Ils ont irrigué leur famille des convictions humanistes bretonnes. L’action caritative occupe les discussions.
La suite de cet article est réservé aux abonnés.
Pour en profiter, abonnez-vous dés maintenant ou connectez-vous.
