Makan Fofana est à la fois poète, chercheur, écrivain. Tous ses travaux portent sur un seul et unique sujet : la banlieue. Après un parcours riche en rebondissements, qui voit se succéder salafisme et mannequinat, ce natif des Yvelines a décidé de s’intéresser au milieu urbain qui l’a vu grandir, pour lui offrir, avec La banlieue du turfu (Tana éditions), un nouvel imaginaire loin des clichés. Rencontre.
Il est né à Versailles, mais a grandi à 15 km de là, tout près de Trappes, dans les Yvelines. « Dans les années 1990, mon quartier, on le surnommait “Chicago”, à cause du trafic de drogue. » Son « quartier », c’est celui du Bois de l’Étang, à La Verrière. À l’époque, on appelait ça une « cité ». Si le nom a changé, les images qu’on y associe ont peu évolué. Enfant d’une fratrie de sept frères et sœurs au sein d’un ménage modeste, le jeune Makan rêve d’être paléontologue. Puis, plus classiquement, footballeur, alors que deux de ses amis intègrent des centres de formation professionnels. Il n’aime pas beaucoup l’école et ne comprend pas l’intérêt de ce qu’il apprend, regrette qu’au collège, une conseillère d’orientation lui propose une filière pro sans chercher à connaître ses goûts, et qui sait, son talent.
Il passe le bac sans grande conviction, puis se tourne vers la religion, encouragé par les « grands frères » de son quartier, adeptes d’une branche radicale de l’islam, le salafisme. Commence un long parcours qui le voit partir étudier en Mauritanie : « Là-bas, on me percevait comme un intellectuel ! » Quand il rentre dans son quartier, il connaît l’arabe : « J’avais acquis des connaissances, j’étais devenu quelqu’un. » Mais l’affaire tourne court après un chagrin d’amour, avec la religion comme prétexte à la rupture. Il a le cœur brisé. C’est le début d’une crise de foi, avant son inscription à la fac. Un soir, il suit une jolie fille dans une soirée parisienne… et se retrouve recruté comme modèle dans un magasin à la mode. Il poursuit cette carrière pendant deux ans, voyage, essaie de percer. Puis sombre dans une profonde dépression.
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