L’architecte-urbaniste Francois Leclercq nous livre son analyse sur le foisonnement de projets spectaculaires dans le Grand Paris et sur les évolutions urbanistiques nécessaires à ses yeux. Il pronostique les conséquences de la crise sanitaire et économique sur les programmes à venir, milite pour des logements plus spacieux, met en garde contre la tentation de construire trop de bureaux et plaide pour la « métropole du lointain ».
Retour de la grande hauteur, quartiers de gare, équipements olympiques, appels à projets Inventons la Métropole… Le Grand Paris multiplie les programmes spectaculaires. Est-ce une nécessité pour rester dans la compétition avec les autres grandes métropoles ?
François Leclercq : Cela signifie bien sûr que Paris au sens large ne s’endort pas sur ses acquis. Il y a une envie évidente d’aller au-delà d’un projet de transport qui a capté toutes les attentions. Cela se traduit par des projets exceptionnels, qui ne doivent pas se résumer à des coups d’éclat facilement identifiables. Leur succès dépendra véritablement d’une programmation elle aussi exceptionnelle, en phase avec toutes les interrogations que nous vivons actuellement. Les gares du Grand Paris Express, par exemple, ne peuvent se contenter de leur côté très quantitatif – mixant certes élégamment tertiaire, logements et quelques commerces –, elles doivent inventer les lieux de vie du futur, capables de conjuguer cette densité visible à tous les nouveaux enjeux d’une vie urbaine, actuellement malmenée.
Parmi les projets annoncés, lesquels retiennent davantage votre attention ?
F.L. : Assurément, le Grand Paris Express, du fait de sa singularité et son rôle structurant. C’est un projet assez exceptionnel, un cas unique dans les grandes villes mondiales, la métropole administrative se calquant sur celui d’une infrastructure de transport. C’est en fait le seul vrai projet du Grand Paris à proprement parler. Il va permettre d’organiser un territoire distendu, peu fluide, d’assumer un rattrapage en transport lourd pour une périphérie trop longtemps oubliée. Les projets d’urbanisation sont donc là pour inventer fonctionnellement de nouvelles polarités. Ce métro sera très utile et l’on jugera de son succès par la qualité des aménagements urbains, de leur programmation et leur effet d’entraînement possible sur une diffusion plus large du territoire. Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 me semblent aussi prometteurs.
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