Un MIPIM 2024 tourné vers les solutions et les transitions
Par Nicolas Kozubek – directeur du MIPIM
Il y a le temps court. Celui de l’urgence, que nous affrontons courageusement au quotidien et qui nous pousse à agir immédiatement face au manque de logements toujours plus criants, et aux soubresauts de l’investissement en immobilier d’entreprise et de commerce qui affectent tout le secteur, des promoteurs aux agences immobilières en passant par les architectes, les bureaux d’études techniques et les professionnels du bâtiment.
Et puis il y a le temps long, celui qui nous oblige à anticiper et trouver des solutions pour l’avenir de nos villes toujours plus nombreuses et peuplées – près de 7 milliards de citadins à horizon 2050 – dans un monde en perpétuelle adaptation et soumis à l’urgence du réchauffement climatique (+1,5°C ? +2°C ? +2,5°C ?) et de sobriété (face à la progression des ressources).
Un “sommet” de la ville et de l’immobilier
La réconciliation des deux faces d’une même pièce – le long terme et la gestion de l’urgence – ne pourra se faire sans le temps de la réflexion partagé par l’ensemble des acteurs de la fabrique de la ville (investisseurs, promoteurs, architectes, élus, représentants de grandes entreprises, organisations publiques et associatives) en présence des plus grands experts internationaux. Telle est la promesse du MIPIM 2024, plus que jamais pensé comme un « sommet » de la ville et de l’immobilier capable de réunir pendant quelques jours plus de 20.000 dirigeants et décideurs issus de 90 pays. Le secteur connait des difficultés ? Inutile de détourner le regard, tous les indicateurs le montrent. Pourtant, la solide participation attendue au prochain MIPIM démontre la volonté de dirigeants du monde entier de venir à Cannes pour trouver des solutions ensemble.
Le MIPIM a souvent été perçu comme le moment des annonces de transactions records. Heureusement, il ne se limite pas qu’à cela. La baisse temporaire des investissements sur fond d’inflation (qui semble être jugulée) et de hausse des taux d’intérêts (qui devraient se stabiliser) a conduit à une situation d’observations des grands acteurs du secteur en attente d’horizons plus dégagés de la part des pouvoirs publics. Conséquence : le « choc de l’offre » attendu pour le logement ne vient pas (malgré de récentes annonces en France dans le cadre de la politique générale prononcée par le premier ministre) et le regain de dynamisme du tertiaire, longtemps prisé des investisseurs, se fait attendre faute de certitudes sur la santé des entreprises et sur le pouvoir d’achat des Européens. L’immobilier est un secteur où le moyen et le long terme priment souvent sur la précipitation.
Le MIPIM est et restera le lieu des annonces, sous de nouvelles formes, des projets mondiaux les plus ambitieux et de plus en plus vertueux pour l’environnement et pour la société. Les 40 finalistes des MIPIM Awards, parmi lesquels 7 projets français dont 4 projets franciliens, en sont les archétypes et constituent de véritables modèles pour tous les acteurs de l’immobilier. Le MIPIM est et restera le moment de l’engagement et de la création de projets historiques. Les plus belles relances économiques seront celles qui auront été minutieusement préparées et concertées entre parties-prenantes, privés et publics.
La relation avant la transaction
Lorsqu’un secteur éprouve des difficultés, tous les acteurs, privés et publics, doivent faire bloc. Les professionnels de l’immobilier ne sont dès lors plus perçus comme des chercheurs d’or (ou pire, des déverseurs de béton) mais plus raisonnablement comme des alliés de taille pour que nos villes soient encore mieux habitables, plus évolutives et adaptées, plus esthétiques et attractives. C’est pourquoi les villes, métropoles et territoires sont de plus en plus nombreux à venir à Cannes : Barcelone, Berlin, Copenhague, Helsinki, Lisbonne, Londres, Stockholm, Varsovie et bien sur la Métropole du Grand Paris qui tiendra le plus grand stand du salon. Des délégations où les élus sont largement représentés, en quête de dialogue avec les experts du secteur comme les plus grands investisseurs mondiaux qui pèsent cette année pour 30% des participants au MIPIM.
Parler de « crise » ne contribue en rien à la résoudre si nous ne parlons pas de solutions, déjà existantes ou sur le point de le devenir, en France, en Europe et à travers le monde. C’est pour promouvoir ces espaces de rencontre et de dialogue à la recherche de solutions et de nouveaux modèles que nous avons décidé de créer cette année un sommet dédié à l’habitat et au logement, Housing Matters !, en préouverture du MIPIM. Dans cette même logique, nous avions l’an passé lancé le Forum des Élus afin de permettre aux maires, présidents d’EPCI, présidents de départements et de régions d’avoir un temps privilégié d’inspiration, de débat et de rencontres avec quelques grands dirigeants et experts. Après le succès de la première édition, nous réunissons cette année à nouveau une soixantaine d’élus et une sélection de quelques dirigeants d’entreprises et représentants d’institutions sous le patronage des plus grandes associations d’élus français. Mot d’ordre : proposer et agir ensemble. Des idées, des solutions, des projets et pourquoi pas une feuille de route commune à deux ans des échéances électorales pour que la fin du mandat 2020 – 2026 soit marquée par l’action.
Concertation et transitions
L’action justement. Ce temps de la réflexion n’a d’intérêt que s’il sert de catalyseur à un mouvement de fond. D’année en année, des scientifiques, des chercheurs, des journalistes spécialisés contribuent aux débats du MIPIM aux côtés des élus et dirigeants pour prendre de la hauteur et faire avancer le train du secteur avec tous ses wagons… dans la bonne direction. Ce but commun, ce sont les transitions : économiques, écologiques, technologiques et sociétales. Autrement dit, comment diriger notre industrie pour qu’elle soit bénéfique pour notre environnement et notre société, ou mieux, qu’elle soit pionnière dans la décarbonation du monde et le bien-être de tous. À n’en pas douter, le MIPIM 2024 sera la (ré)union de toutes les forces vives de la fabrique de la ville pour que celles et ceux qui pensent, qui décident et qui font travaillent à l’unisson.