l’« archiurbaniste » qui ressuscite les cas désespérés
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Rastignac défiait Paris depuis la butte Montmartre. L’architecte et urbaniste Yves Lion préfère contempler la ville depuis deux autres panoramas. « J’aime embrasser la vue depuis la terrasse de Saint-Germain-en-Laye (78), avec ce contraste incroyable entre la métropole contemporaine et le travail de Le Nôtre, et depuis Noisy-le-Grand (93), où la topographie est similaire. Ces deux visages distincts, c’est la vraie richesse du Grand Paris. »[/column]
Réconcilier les territoires, réhabiliter les quartiers défavorisés… En Seine-Saint-Denis, à Strasbourg ou encore Grenoble, le Grand Prix de l’urbanisme 2007 n’a eu de cesse de « réparer »
ces grands ensembles érigés dans l’urgence de l’après-guerre et le contexte de l’urbanisation galopante des Trente Glorieuses. Un aménagement urbain pour lequel il n’a pas de mots assez durs : « C’est une période où l’on construisait sans penser. En 1964, j’ai débuté dans une agence qui bâtissait à Villiers-le-Bel, L’Haÿ-les-Roses… où l’on ne parlait jamais d’architecture. Tout était perverti par un affairisme terrible et un fonctionnalisme imbécile. Résultat : on a construit des grands ensembles isolés du reste du territoire. Les architectes ont une grande responsabilité dans la crise des banlieues. »
Pas question pour autant de faire table rase du passé. « Aucun territoire n’est désespéré. » Un leitmotiv, presque un cri de guerre, maintes fois répété. « On détruit trop, je défends un urbanisme opportuniste, pour que la ville puisse fonctionner même avec ses éléments moyens, vulgaires, ratés. Elle peut être transformée. » Depuis près de cinquante ans, « l’archiurbaniste » – un néologisme de son cru – s’échine à offrir une seconde chance à ces grands ensembles. Comme un écho à son propre parcours. « Jusqu’à 15 ans, j’étais un cancre. Je n’avais pas vraiment réfléchi à mon avenir. Et puis, je suis tombé sur L’Art décoratif d’aujourd’hui de Le Corbusier. Dès lors, j’avais une vocation »,
raconte-t-il. Il a depuis troqué le bonnet d’âne pour la baguette : enseignant depuis 1976, il est également l’un des fondateurs de l’École nationale d’architecture de la ville & des territoires, à Marne-la-Vallée.
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