Le coronavirus serait-il une « pandémie de classe » ? C’est ce qu’avancent certains sociologues, qui mettent en avant la surmortalité qu’ont connu les territoires les plus populaires de la métropole, la Seine-Saint-Denis au premier chef. Une fracture qui s’explique notamment par la densité du tissu urbain, la précarité et le poids des Séquano-Dionysiens parmi les travailleurs-clés, les plus exposés durant le confinement.
Quelque 73 avis de décès dans le journal municipal de Romainville (93) contre 4 deux mois auparavant ; +130 % de surmortalité en Seine-Saint-Denis entre le 1er mars et le 20 avril, 2e département français le plus touché ; +168,7 % pour Plaine Commune, +153,8 % pour Paris Terres d’Envol, +118,3 % pour Est Ensemble entre début mars et le 10 avril (1)… La pandémie a été particulièrement meurtrière dans le 93. « Une énigme statistique à première vue, car il s’agit du département le plus jeune de la France hexagonale [16,7 % de la population a plus de 60 ans, contre 26,9 % en moyenne, ndlr] quand le Covid-19 touche en immense majorité les plus de 65 ans », soulignent les sociologues Laure Pitti et Audrey Mariette, spécialistes des politiques et des pratiques de santé dans les territoires populaires. Comment l’expliquer ? « Le département souffre d’un cumul d’inégalités sociales et territoriales très anciennes, devenues un cocktail détonant au moment de la crise sanitaire », poursuivent les deux chercheuses de Paris-8.
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