Entre recours massif au privé et stratégies d’évitement des établissements à la « mauvaise réputation », le principe de mixité sociale à l’école est particulièrement malmené dans le Grand Paris. Fusion de secteurs, mise en place d’options « langues rares » ou sport-études dans les collèges difficiles, les expérimentations se multiplient pour éviter que le fossé ne continue de se creuser.
Paris, académie la plus ségréguée de France, le constat est unanime. « La carte scolaire se pose sur un tissu urbain lui-même ségrégué, certains établissements reflétant mécaniquement la sociologie de leur quartier, analyse Julien Grenet, professeur associé à l’École d’économie de Paris qui a mené une enquête sur la mixité sociale dans les collèges parisiens. Mais la capitale est également la ville où l’on recourt le plus au privé, avec 35 % des collégiens, bien davantage qu’à New York (14%), ainsi qu’à l’évitement scolaire, notamment dans les quartiers les plus mixtes. » Un phénomène qui dépasse largement les frontières du périphérique, « le jeu de l’évitement scolaire ayant atteint la dernière des cités de Bobigny », se désole Véronique Decker, directrice tout juste retraitée de l’école Marie-Curie de la préfecture dionysienne.
Si de nombreuses métropoles sont concernées, le Grand Paris est passé maître en la matière. Chasse aux options atypiques pour obtenir une dérogation à la carte scolaire, achat ou location de chambre de bonne à proximité de l’école visée, basculement dans le privé… Les stratégies sont aussi multiples qu’inattendues. Y compris résidentielle : la plate-forme MeilleursAgents a ainsi constaté en 2017 un « effet cartable », à savoir un surcoût de 17 % en moyenne sur un appartement situé à moins de 300 mètres d’un collège réputé ! Cet évitement scolaire a plusieurs raisons, à écouter la sociologue Agnès van Zanten.
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