La carte de la surmortalité liée au coronavirus est éloquente : les quartiers du Grand Paris les plus pauvres sont aussi les plus endeuillés. Cette ségrégation territoriale remet au centre du débat la question institutionnelle, certains élus dénonçant l’incapacité du millefeuille actuel à lutter contre ces fractures.
D’études en enquêtes, le constat ne cesse de se confirmer. « Le coronavirus a surinfecté les quartiers populaires, ce sont les zones les plus jeunes et les plus pauvres de la métropole parisienne qui ont supporté́ la surmortalité́ la plus sévère de personnes âgées », souligne Guy Burgel, professeur en géographie urbaine à Paris-Nanterre et co-auteur (1) de l’analyse universitaire Le coronavirus dans le Grand Paris : démographie et société́, publiée à l’automne dernier. S’intéressant aux décès sur le territoire du Grand Paris entre janvier et juin 2020 – soit une période plus large que la première vague –, cette enquête pointe la surmortalité subie par le Nord et le Sud-Est du territoire. L’Ouest et les arrondissements centraux parisiens ont été en revanche davantage préservés.
Une approche plus fine révèle l’importance des écarts entre les communes les plus pauvres et les plus cossues dans chaque département. En Seine-Saint-Denis, la hausse est de 79 % à Stains, 72 % à Épinay-sur-Seine ou encore 62 % à Bobigny, quand elle s’établit à « seulement » 30 % au Raincy. Dans les Hauts-de-Seine, Sceaux (+17 %) ou Suresnes (+ 21%) apparaissent bien plus épargnés que Gennevilliers (+ 63%) ou Villeneuve-La-Garenne (+ 92%). Côté Val-de-Marne, Le Kremlin-Bicêtre (+64 %) ou Créteil (+42 %) sont bien plus éprouvés que Vincennes (+7 %). Enfin, Paris n’échappe au grand écart, entre le 16e arrondissement ou le 8e – où la mortalité est même… en baisse ! – et le 19e (+57 %) ou le 20e (+41 %). « De façon caricaturale, la carte de la surmortalité liée à l’épidémie recoupe celles des quartiers aux niveaux de revenus les plus bas, des taux de HLM les plus importants et du nombre de pièces par habitant le plus faible – 1,1 dans le 93 contre 1,7 dans le 7e arrondissement de Paris », observe le géographe.
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