Impopularité gouvernementale, prédominance de l’écologie – quitte à verser dans le « green-washing » –, invisibilité des questions métropolitaines, problème du logement, abstention dans les quartiers populaires, démocratie participative… Nombreux et variés sont les enjeux grand-parisiens des prochaines élections municipales. Décryptage.
Julien Descalles
I/ ENJEUX NATIONAUX, PROBLÉMATIQUES LOCALES
Depuis début décembre, la réforme des retraites et sa contestation ont vampirisé les débats, gelé lestransports en commun, occupé la rue. Et la perspective d’un vote du projet de loi au Parlement avant l’été menace à tout moment de rallumer la mèche. De quoi envisager une « nationalisation » des élections municipales, voire un vote sanction contre les candidats porteurs de l’étiquette La République en marche (LREM) ? « Déjà aux Européennes, les observateurs nous prédisaient un effet “Gilets Jaunes”, et nos résultats ont finalement été honorables. Je ne crois pas à un dévissement de notre électorat, plutôt à des effets locaux, ponctuels. À Levallois, les habitants rencontrés sont d’ailleurs plus enclins à encourager la réforme… », rétorque Maud Bregeon, candidate macroniste à Levallois- Perret (92). Il semble cependant plus difficile de faire fi du contexte national au Pré-Saint-Gervais ou aux Lilas (93), où les candidats marcheurs ont été pris à partie sur les marchés courant janvier…
II/ DU VERT PARTOUT…
C’est LE cheval de bataille numéro un, la première ligne de tous les programmes, la couleur dont tous les maires sortants repeignent leur bilan. Omniprésent dans la campagne électorale, l’environnement a en outre l’avantage de se décliner à tous les grands thèmes franciliens : la mobilité, le logement ou encore l’aménagement des espaces publics. Multiplication des jours d’été caniculaires, épisodes de pollution aux particules fines à répétition, sans oublier les bons scores d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) aux Européennes, le contexte n’a jamais été aussi porteur pour se faire le chantre du développement durable. Au risque de ne voir émerger qu’une écologie de façade ? « Je ne le crois pas, car l’on constate que la population ne dissocie plus les grands périls environnementaux – les incendies en Amazonie ou en Australie par exemple – et l’écologie de proximité. Il y a une vraie demande d’action, de gestes quotidiens : mettre du bio à la cantine, mieux isoler les logements, renforcer les transports en commun, faciliter
le recyclage… », rétorque le directeur adjoint de l’Ifop…
III/ …LE GRAND PARIS NULLE PART
Le 15 mars prochain, les électeurs des 131 communes du Grand Paris ne voteront pas seulement pour leurs élus municipaux. Sur le bulletin de vote, par fléchage, ils désigneront également leurs représentants métropolitains. L’occasion de faire exister enfin la MGP aux yeux de ses habitants ? « Hélas, neuf personnes sur dix vont le découvrir dans l’isoloir, cela va leur passer totalement au-dessus de la tête, se désole Pierre Mansat, l’ancien « Monsieur Grand Paris » de Bertrand Delanoë. Parce que la Métropole est la grande oubliée, comme d’habitude, de la campagne, quand la majorité des sujets déclinés – la lutte contre la pollution, l’adaptation au réchauffement climatique, l’accès au logement, les liaisons domicile-travail… – ne pourront être résolus chacun dans son coin. » Chez les observateurs, le constat dressé par Wilfried Serisier, docteur en géopolitique locale, est unanime : « En période de campagne, chacun se replie sur sa ville, les grands discours généreux et les rares efforts de dialogues métropolitains passent à la trappe ». Quand ce ne sont pas carrément certaines propositions parisiennes qui sont perçues comme des tentatives d’annexion intolérables par ses voisines…
Droits photo : © Sou Foujimoto – OXO Architects – Compagnie de Phalsbourg – Ogic – Morph – Projet Mille Arbres à Paris au-dessus du périphérique, Porte Maillot (17e)
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