Grandes percées, aménagements des squares, parcs et jardins, lutte contre les îlots de précarité… La transformation haussmannienne de Paris doit autant à la quête esthétique et sécuritaire du Second Empire qu’à la doctrine hygiéniste et à la volonté de lutter contre les épidémies, choléra en tête. Qu’en sera-t-il après le passage du Covid-19 ? Le visage de la métropole pourrait-il être durablement remodelé ? Eléments de réponse.
1 – Coup de chaud sur la densité urbaine ?
À la fois par crainte de la contagion et effet du long huis-clos à domicile, la densité urbaine pourrait être l’un des dommages collatéraux de la pandémie. « À Paris intra-muros et ses 20 000 habitants au km2, la crise pourrait bien réinterroger la pertinence de certains projets de densification mais aussi de grande hauteur. Ne seraient-ce que pour des raisons sanitaires en cas d’épidémie ; comment les faire fonctionner sans cages d’ascenseur ou climatisation ? », interroge le géographe Laurent Chalard, également défenseur de la dédensification de certains arrondissements parisiens, 10e et 11e en tête (1) : « Certains îlots donnant sur cours, vétustes, pourraient être détruits et devenir des espaces verts ou des équipements sportifs ou culturels. De même pourrait-on imaginer une politique de regroupement de petits logements en un seul, notamment dans le nord et l’est parisien, pour accueillir les familles qui quittent aujourd’hui la capitale. »
Une critique de l’hyperdensité contre laquelle Jean-Louis Missika, l’adjoint d’Anne Hidalgo en charge de l’urbanisme et du Grand Paris, appelle à la prudence : « Réinterroger la promiscuité, l’entassement, les logements sur-occupés [on en compte 434 380 sur 3,15 millions d’unités dans la métropole, logeant 1,8 million de personnes, ndlr], oui. Mais attention, sous prétexte de distanciation physique, à ne pas favoriser l’étalement urbain, l’artificialisation des sols et le triomphe de la voiture. » Pour Fouad Awada, directeur général de l’Institut Paris Région, « sans doute faut-il apprendre à vivre avec le risque épidémique, comme San Francisco avec sa faille, car la pandémie ne saurait faire oublier les vertus de la ville dense, laquelle a d’ailleurs offert une diversité de services – hôpitaux, approvisionnement alimentaire, commerces… – bien utiles durant la crise. » Et d’imaginer que la densification métropolitaine se poursuivre en petite couronne, « là où sont les opportunités pour faire la ville sur la ville, sans nécessairement aller jusqu’à des niveaux parisiens. »
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Julien Descalles